Eglise Saint-Matthieu

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Extrait du livre "Guénange, les grandes heures du siècle" par André MALJEAN

Voilà des siècles que l’église Saint-Mathieu domine les toits de la Haute-Guénange. Certes, la silhouette a changé car, après de multiples destructions, reconstructions, réparations et améliorations, il ne reste plus grand-chose de l’édifice originel. Si l’on se base sur des documents écrits, on ne peut remonter jusqu’en 1157, année où l’évêque de Metz Hilin reconnaît la patronage de l’abbaye Saint-Martin de Metz sur la cure de Guénange. Or, s’il y a cure, il y a église.

Il est vraisemblable que cette église se trouvait déjà à l’emplacement actuel car, lors des travaux de reconstruction de 1861, on retrouva des débris calcinés de l’incendie de l’église datant de la Guerre de Trente Ans (1639). Reconstruite, elle fut saccagée lors de la Révolution, si bien qu’en 1801, lorsque le Concordat rétablit la paix religieuse, les offices durent se dérouler pendant deux ans dans une grange. En 1803, l’église fut restaurée mais, très vite, elle s’avéra trop petite.

C’est sous le ministère de l’abbé Jean-Pierre Hilt que le Conseil de Fabrique décida de l’agrandir. Les travaux démarrèrent en avril 1861. On garda le chœur et le clocher et l’on construisit une nef plus large et plus haute. Et le 28 octobre 1863, l’évêque de Metz, Mgr Dupont des Loges vint consacrer la nouvelle église, au milieu de la liesse populaire.

Mais très rapidement, des lézardes apurent et la voûte menaça de s’écrouler. En vertu de la garantie décennale, architecte et entrepreneur durent remédier aux malfaçons. La procédure traîna, la guerre de 1870 l’interrompit et ce n’est qu’en 1976 que les travaux reprirent. On démolit la voûte trop lourde qui faisait pencher les piliers vers l’extérieur et on la remplaça par une structure plus légère en briques creuses.

Dans la foulée, les paroissiens décidèrent de remplacer le chemin de croix tout délabré par 14 tableaux en terre cuite et en relief, achetés à un statuaire de Vaucouleurs. C’est le sculpteur sur bois guénangeois, Michel Pirus, qui réalisa les encadrements en chêne que l’on peut encore admirer aujourd’hui. Il avait alors vingt ans.

En 1898, l’abbé Thilmont, successeur de l’abbé Hilt, dota l’église d’une tribune à l’usage des apprentis de l’Orphelinat. Il y ajouta un orgue, installé par les soins de la maison Voigt und Sohne de Durlach, en Allemagne.

Les premières années du XXe siècle voient la pose d’une chaufferie puis de l’électricité. Pendant la guerre de 14/18, l’église fut épargnée, Guénange étant restée en dehors de la zone des combats. Mais elle paya cependant un tribut à l’Allemagne avec la réquisition de deux cloches sur trois en 1917.

En 1918, Guénange retrouve la mère patrie et l’église de nouvelles cloches quelques années plus tard. Pour peu de temps…Elles prendront le chemin du Reich en 1943, lors du deuxième conflit mondial. Celui-ci fut beaucoup plus meurtrier. De septembre à novembre 1944, Guénange fut pilonnée par l’artillerie américaine. L’église était en ruines. A la Libération, les offices furent célébrés dans la chapelle de l’Orphelinat. Le clocher paroissial ne tenait plus que par miracle. En un premier temps, on l’étançonna mais finalement, on dut l’abattre en 1947. L’entreprise Giaroli en érigea un nouveau et reconstruisit le reste de l’édifice. Et les Guénangeois retrouvèrent le chemin de leur église le jour de Pâques 1949.

Il fallut attendre le mois d’août 1956 pour voir l’arrivée des nouvelles cloches. Nos villageois « avaient fait fort » : arc de triomphe, cortège de jeunes en « vespas » pour escorter Monseigneur, défilés de chars, tout cela sous l’œil curieux et admiratif des habitants de la toute nouvelle cité Sollac.

Durant la fin du XXe siècle, les municipalités successives dégagèrent les abords libérés par la démolition de quelques maisons voisines. En 1992, la placette arborée, qui servait de parking, fut sacrifiée, la rue déviée de façon à pouvoir aménager un vaste espace sur lequel puisse déboucher un nouvel escalier central, s’ajoutant aux deux escaliers latéraux du parvis.

La foi des Guénangeois d’aujourd’hui est moins vive que celle de leurs aïeux mais ils sont tous fiers de leur église Saint-Matthieu, où « ceux qui croient au Ciel et ceux qui n’y croient pas » se côtoient obligatoirement pour les grands événements familiaux, gais ou tristes, qui rythment notre vie.


 

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